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Le Parisien
20/03/01



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L'appel à la révolte de Jean-François Richet
Valentine Rousseau

La caméra dénonce à force de montrer. Dénonce le mal-vivre des cités et surtout la répression policière. Arco, Malik et Mustapha ont seize ans. Ils trainent à Beauval, se battent pour passer le temps, au collège et au pied de leur tour. Arco, dans la vie, est le vrai cousin de Richet. "Ma 6.T va crack-er", c'est sa vie quotidienne : "C'est pas un documentaire, mais ça relate bien ce qui peut arriver. Les quartiers, c'est des poudrières."

Et la poudrière Beauval finit par exploser. Le dernier quart d'heure du film se concenre dans l'affrontement des jeunes et des CRS.

Arco a seize ans, le mal de vivre et un flingue trouvé on ne sait où. Le comment des trafics de hasch et d'armes passe à la trappe pour la galère de tous les jours. L'acteur principal ne se heurte pas à l'ANPE comme dans "Etat des lieux", mais aux filles, mûres et sages. "Tu te souviens quand on était p'tits, je portais ton cartable et on sortait ensemble. Tu veux pas ressortir avec moi, hein?" C'est Djeff, alias Richet, bientôt la trentaine, qui s'adresse à une belle voisine black. "Moi, je travaille, et toi, qu'est-ce que tu fais? T'en as pas marre de traîner?" lui rétorque-t-elle. A ces moments de drague, on rit. Sinon, au début on se sent un peu exclu. Les paroles des jeunes se chevauchent, la caméra tourne sur les acteurs. Puis le rythme s'accélère peu à peu.

Le devoir d'insurrection
Djeff, JM, Pete et Hamouda ont autour de vingt-cinq ans. Leurs bagarres ne s'arrêtent pas aux mains. A la grande soirée rap d'Antarès, ils règlent leurs comptes. Une fusillade éclate entre les deux bandes, tandis qu'Arco et Malik sont refoulés de la boîte de nuit. Dégoûtés, ils brûlent une voiture pour se venger. La police arrive, un agent tire. Malik s'écroule, la caméra tourne et se fige en gros plan accusateur sur l'écusson "police nationale".
C'est l'émeute. Tous les jeunes de la cité descendent dans la rue, la musique rap de White and Spirit enflamme les voitures, casse les cabines téléphoniques. La cité craque de partout, les fourgons de CRS débarquent. Des hommes casqués par bataillons entiers. Les coups de matraque partent, la caméra s'attarde, toujours accusatrice. Garges-les Gonesse, deux jeunes sur une mobylette franchissent un barrage de police : coup de feu, un mort. Jean-François Richet éteint sa caméra pour afficher l'article 35 de la Déclaration des Droits de l'Homme, dernière image à l'écran : "Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est pour le peuple le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs."

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