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Positif
18/04/01



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De l'amour
Pas très stendhalien, peut-être... mais ce troisième long métrage de Jean François Richet est, de loin, le plus abouti et le plus convaincant. La force d'Etat des lieux était celle d'un premier film tourné sans argent, dans l'urgence : même les maladresses, même le gros grain de la pellicule noir et blanc, même le décalage entre la révélation d'un acteur (et coauteur, Patrick Dell'Isola) et l'aspect documentaire militant, tout cela servait la rage désordonnée de l'oeuvre. nous a moins plu: les immenses progrès techniques de la mise en scène ne nous avaient pas semblés accompagnés d'une comparable évolution de contenu...
Avec De l'amour, l'originalité du propos (l'univers de la banlieue revu par l'angle du romanesque) s'équilibre avec la maîtrise des moyens : choix et direction d'acteurs, stylisation de la lumière signée Christophe Beaucarne et fluidité de la caméra, classicisme (pas pour nous péjoratif) et inventivité (puis synonyme de réussite) de l'écriture, qu'il s'agisse du scénario, du langage visuel ou de la bande-son... On peut parler, sinon de maturité, du moins d'accomplissement, d'adéquation entre l'objectif et le résultat. De l'amour ne plaira pas à tout le monde -et tant mieux! -, mais la naïveté presque revendiquée de ses partis pris est pleinement assumée par la réalisation : si la scène d'amour fait "cliché", par exemple, c'est que ses deux protagonistes, à ce stade de l'histoire, la vivent encore comme un cliché. La puissance du film, c'est qu'à partir d'une intrigue et de personnages style téléfilm social (ou Yves Boisset tendance Dupont Lajoie), Richet nous mène à d'autres terrains, prend d'autres risques. Sa grande séquence finale (je ne parle pas de la coda sur le toits, à la René Clair) parvient ainsi à être plus proche des frères Coen que de La Haine (Matthieu Kassovitz) ou de Zonzon (Laurent Bouhnik) : le manichéisme, annoncé par l'histoire, affiché par la splendeur "lèchée" de l'image et du son, se trouve mis en défaut par trois phrases de Jean-François Stévenin (fan, comme chacun sait, de Johnny Hallyday). Il serait criminel d'en révéler plus, mais c'est dommage car en ce moment comme à d'autres Richet révèle son tempérament de cinéaste; c'est assez précieux pour être noté.

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